L’Observatoire de la dépense publique (ODEP) interpelle le gouvernement de la République démocratique du Congo sur le processus en cours visant à mettre à la retraite plus de 300 000 agents publics, dans un contexte de fragilité sociale extrême, marqué par une pauvreté endémique, des conflits armés dans l’Est du pays et une érosion croissante du pouvoir d’achat.
Dans un communiqué parvenu ce mardi 15 juillet 2025 à DESKECO.COM, l’ODEP, qui dénonce une « gouvernance inhumaine et un déni de la justice sociale et distributive », formule les recommandations suivantes au gouvernement :
- Suspendre immédiatement toute opération de mise à la retraite de masse tant qu’un plan d’impact social détaillé, budgétisé et validé par les parties prenantes n’aura pas été élaboré ;
- Mener un audit indépendant de la Caisse nationale de sécurité sociale des agents publics (CNSSAP), afin d’évaluer la viabilité financière du régime de pension ;
- Mettre en place un dispositif structuré d’accompagnement social, incluant :
- Le paiement effectif, intégral et dans les délais des indemnités de retraite ;
- Des programmes de reconversion professionnelle et de formation continue ;
- Une couverture santé minimale garantie pour tous les retraités.
- Réévaluer et renégocier les conditionnalités attachées à l’appui budgétaire du FMI, afin de promouvoir une trajectoire économique souveraine, fondée sur la justice sociale, la dignité humaine et la protection du capital humain congolais.
Dans le même document, portant la signature de son président du Conseil d’administration, le professeur Florimond Muteba, l’ODEP dénonce le fait que cette opération, « loin d’être le fruit d’une réforme mûrement réfléchie, semble obéir de manière précipitée et mécanique à une logique d’ajustement budgétaire dictée par le Fonds monétaire international (FMI), dans le cadre de la Facilité élargie de crédit (FEC), où la réduction de la masse salariale est érigée en indicateur de performance macroéconomique ».
L’ODEP estime plutôt que « dans un contexte marqué par une guerre persistante dans l’Est du pays, une inflation galopante, une érosion du tissu social et une perte croissante de confiance dans les institutions, la priorité nationale devrait être la sécurité, la stabilité sociale et la protection du capital humain ». Or, avertit l’ODEP, « en appliquant de manière rigide, distante et insensible les prescriptions du FMI, le gouvernement congolais fait le choix dangereux d’un pilotage macroéconomique déshumanisé, sacrifiant des milliers de familles de fonctionnaires sur l’autel d’une orthodoxie budgétaire déconnectée des réalités sociales du pays ».
Bienvenu Ipan