De tensions juridiques au volet politique et économique, tout savoir sur l’accord entre la RDC et Kobold Metals signé entre le gouvernement et une société américaine

Félix Tshisekedi serrant la main du DG de Kobold metals
Félix Tshisekedi serrant la main du DG de Kobold metals
PAR Deskeco - 26 juil 2025 08:30, Dans Actualités

Le gouvernement congolais s’est accordé jeudi dernier avec la société américaine Kobold Metals pour signer un accord de principe afin d’exploiter des minerais en République démocratique du Congo. Cette société, soutenue par l’entrepreneur américain Jeff Bezos, dit investir près d’un milliard de dollars dans l’exploitation, principalement de lithium.

Où va-t-elle principalement exploiter et quels sont les enjeux ?

C’est à Manono, dans la province du Tanganyika, que Kobold Metals souhaite concentrer ses investissements pour l’exploitation de lithium. Que retenir de ce site ? Manono figure parmi les plus importantes réserves mondiales de lithium encore inexploitées. La société Kobold Metals s’est toutefois dite prête à investir près d’un milliard de dollars dans le développement de ce projet, en collaboration avec le gouvernement congolais.

Toutefois, le projet est actuellement enlisé dans un contentieux juridique, selon RFI. L’entreprise australienne AVZ Minerals, jusque-là actionnaire majoritaire de la coentreprise Dathcom Mining, associée à des entités congolaises telles que la Cominière, conteste la remise en cause de ses droits sur le site.

Kobold Metals compte-t-il abandonner ?

L’entreprise australienne ne compte pas céder si facilement ses droits suite à ce conflit ; l’affaire est soumise à un arbitrage international. De son côté, Kobold Metals, après la signature de cet accord de principe, promet, selon RFI, de s’engager pour que le litige soit réglé, mais on n’en est pas encore là.

Pour rappel, dans le cadre de ce partenariat, Kobold prévoit de lancer un vaste programme de numérisation des archives géologiques de la RDC. Dans ce cadre, la société prévoit de se rendre en Belgique, au Musée royal de l’Afrique centrale, pour y collecter et numériser des documents anciens.

L’objectif est d’initier une exploration à grande échelle sur l’ensemble du territoire congolais afin d’identifier des gisements stratégiques et des minerais critiques, susceptibles d’être exploités dans des mines dites de « classe mondiale ». Le contrat actuel ne mentionne pas clairement de clause d’exclusivité, mais il ouvre la voie à des projets potentiels à l’échelle nationale, en fonction des découvertes futures.

Quel est le volet politique de l’accord ?

Ce partenariat revêt également une dimension politique. Kinshasa mène actuellement des discussions directes avec Washington, en lien avec la Maison Blanche. Pour le président congolais, cet accord avec les États-Unis vise à obtenir un appui diplomatique et stratégique pour son gouvernement, fragilisé par les tensions sécuritaires dans l’Est du pays. On se souvient qu’une proposition avait été avancée : un échange « paix contre minerais ».

Cependant, l’administration Trump avait plutôt suggéré un accord de paix entre Kinshasa et Kigali, assorti d’une présence américaine sur le sol congolais en vue d’exploiter les ressources, avec une priorité accordée aux entreprises américaines dans le secteur minier. D’ailleurs, la présidence congolaise a dernièrement affirmé, à l’issue de la signature, que l’accord symbolisait une étape importante dans le renforcement des liens économiques entre la RDC et les États-Unis, notamment dans l’industrie minière.

L’enjeu est aussi économique

Les États-Unis mènent une véritable guerre d’influence face à la Chine, notamment sur le territoire congolais. Pendant des années, les entreprises chinoises ont dominé l’exploitation du cobalt et du cuivre en RDC. Désormais, ce sont d’autres ressources stratégiques, comme le lithium et les terres rares, qui suscitent l’intérêt de Washington. Les États-Unis s’engagent d’abord à travers le projet de Manono, axé sur le lithium, mais aussi via des perspectives d’exploration de terres rares dans la région du Kivu.

Pour rappel, les États-Unis sont déjà impliqués à hauteur de plus de 6 milliards de dollars dans le projet du Corridor de Lobito, une initiative majeure visant à contrebalancer l’influence chinoise en Afrique centrale. Il est toutefois important de préciser que l’accord entre le gouvernement congolais et la société Kobold Metals reste, à ce stade, un accord de principe et non un engagement définitif.

Jean-Baptiste Leni

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