Le gouvernement congolais a pris, en février dernier, la décision résolue de suspendre pour quatre mois l'exportation du cobalt sur le marché mondial. Cette suspension, annoncée dans un communiqué par l'Autorité de régulation et de contrôle des marchés de substances minérales stratégiques (ARCOMS), visait à réguler son offre face à sa surabondance sur le marché et à tirer plus de profits.
Cependant, cette décision a fortement influencé la demande mondiale de cobalt, au point de faire monter son prix en flèche dès le premier mois. Selon Cobalt Bourse-Investing, le prix du cobalt ce mois de mai 2025 est de 33 630,99 USD la tonne, alors qu'il était à 30 000 USD. En une semaine après sa suspension, il avait connu une hausse de 27 % sur le marché mondial, selon le ministère congolais des Mines.
Pour l'Institut du Cobalt, une structure internationale regroupant des industriels, la demande en cobalt pourrait afficher en 2025 une augmentation de plus de 10 %, alors que les besoins pour la fabrication de batteries des véhicules électriques demeurent très importants ces derniers temps sur le marché mondial. Ils pourraient atteindre 227 000 tonnes, soit 11 % de plus que l'année dernière. En 2024, on n'avait enregistré qu'une demande en hausse de 4 % par rapport à 2023.
Cette structure indique qu'au premier trimestre 2025, la demande a fortement augmenté suite aux bonnes ventes de véhicules sur les marchés : +22 % en Europe, +16 % aux États-Unis et +36 % en Chine.
La décision récente du gouvernement de la RDC de suspendre le cobalt congolais sur le marché mondial a clairement démontré la dépendance du marché mondial à ce produit en provenance de la RDC, qui occupe une position stratégique dans la chaîne d'approvisionnement.
La RDC, seule productrice de cobalt au monde ?
La République démocratique du Congo détient une part très importante du marché mondial, avec 70 % des réserves. Alors que d'autres pays, tels que la Zambie et l'Afrique du Sud, détiennent également des parts, celles-ci ne sont malheureusement pas suffisantes pour répondre durablement à la demande mondiale, selon cette structure des industriels du cobalt.
Une étude de Project Blue avait indiqué qu'après la suspension par la RDC de ses exportations, les réserves de la Chine et de la Malaisie pourraient satisfaire l'offre mondiale pendant les quatre mois de suspension, mais pas plus longtemps sans la production de la RDC.
On peut alors conclure que si le gouvernement congolais décidait de prolonger la suspension de ses exportations de cobalt, il faudrait s'attendre à une réduction de la production de certaines industries de véhicules électriques. Le président congolais Félix-Antoine Tshisekedi a souligné qu'à l'issue du délai de suspension, courant mai, une évaluation serait faite pour décider ou non de prolonger la mesure.
Il avait également décidé d'une communication coordonnée sur cette suspension, et le gouvernement envisageait de consulter l'Indonésie, deuxième producteur mondial selon les statistiques, pour s'inspirer de son modèle de maintien de l'offre sur le marché mondial.
Jean-Baptiste Leni