Les États-Unis, à travers le Corporate Council on Africa (CCA), ont annoncé la tenue, à Luanda en Angola, du 17e sommet des affaires États-Unis-Afrique. Cette rencontre, qui se déroulera du 23 au 25 juin 2025 dans la capitale angolaise, va réunir plus de 1 500 participants, dont des chefs d'État africains, des ministres, des hauts responsables de l'administration américaine, ainsi que des dirigeants d'entreprises des deux continents.
Selon un communiqué de cette structure, le sommet vise à renforcer les relations commerciales et d'investissement entre les États-Unis et l'Afrique, en mettant l'accent sur des secteurs clés du développement en Afrique, dont l'agriculture, l'énergie, la santé, les infrastructures, les technologies de l'information et de la communication, les industries créatives et la finance, surtout dans un contexte où les États-Unis se sont fortement rapprochés de la région des Grands Lacs.
Contexte stratégique : pourquoi l'Angola ?
Depuis 2024, l'Angola s'impose comme un acteur diplomatique et économique clé aux yeux des États-Unis dans la région des Grands Lacs. Ce positionnement s'est illustré en décembre 2024 lors d'une rencontre d'investissement de haut niveau, organisée autour du projet du corridor de Lobito.
Ce projet ferroviaire, d'une valeur d'au moins 4 milliards de dollars, vise à faciliter l'évacuation des ressources minières de la République démocratique du Congo vers les États-Unis, en passant par la Zambie et l'Angola. Il s'agit d'une initiative destinée à renforcer les chaînes d'approvisionnement critiques en minéraux stratégiques.
La réunion avait réuni à Luanda le président américain Joe Biden, ses homologues africains Félix-Antoine Tshisekedi (RDC), Hakainde Hichilema (Zambie), João Lourenço (Angola) ainsi que le vice-président de la Tanzanie.
Au-delà des enjeux économiques, le 17e sommet des affaires États-Unis-Afrique pourrait renforcer la coopération sécuritaire et l'accès aux ressources minières stratégiques, dont les États-Unis ont un besoin croissant. Dans un contexte régional marqué par les tensions persistantes entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, ce sommet s'inscrit dans les efforts de Washington pour stabiliser la région des Grands Lacs.
Les États-Unis ont récemment soutenu un processus de paix à Doha, réunissant les deux pays pour parvenir à un accord. Une étape importante a été franchie en avril 2025 avec la signature d'une déclaration de principe en faveur d'une intégration économique et de la stabilité régionale.
Face à l'influence croissante de la Chine, particulièrement présente dans les Grands Lacs, notamment en RDC dans l'exploitation minière, les États-Unis cherchent également à s'affirmer dans la région. Depuis janvier 2025, Washington multiplie les démarches avec Kinshasa pour conclure un partenariat sur l'exploitation des ressources critiques. Le 13 mai 2025, une lettre d'intention a été signée avec deux sociétés pour établir une chaîne d'approvisionnement directe en étain depuis le Rwanda. En RDC, les États-Unis sont présents via la société américaine Alphamin, active en RDC à la mine de Bisie, la plus grande réserve d'étain au monde.
Bref, ce sommet positionne ainsi l'Angola non seulement comme un acteur économique majeur, mais aussi comme un pilier diplomatique dans une région stratégique, renforçant son rôle à la tête de l'Union africaine en 2025.
Jean-Baptiste Leni