Après un silence prolongé observé depuis son départ du pouvoir en 2019, Joseph Kabila Kabange, ancien président de la République démocratique du Congo, a pris la parole ce vendredi 23 mai. Lors de cette allocution, il a fermement condamné plusieurs mesures économiques mises en place par le gouvernement congolais à l'encontre des institutions financières dans des zones sous le contrôle des rebelles AFC-M23, lesquelles pénalisent les habitants, notamment ceux de Goma et Bukavu. Kabila appelle à la prise en charge de la population de ces régions.
« Ces décisions et bien d'autres vous asphyxient et rendent votre vie plus précaire que jamais. J'en appelle aux uns et aux autres, en particulier au gouvernement de Kinshasa, d'humaniser les conditions de vie de nos compatriotes de cette partie du territoire national. Ils ont droit à la vie, à la scolarisation de leurs enfants et aux autres conditions du bien-être », a plaidé Joseph Kabila.
Fermeture des banques à Goma, manque de liquidités
Après l'occupation de la ville de Goma fin janvier par des rebelles AFC-M23 soutenus par l'armée rwandaise, Kinshasa avait ordonné la fermeture des banques, et cette décision a plongé la population dans une crise de liquidités sans précédent.
Le taux de change du dollar, qui s'établissait à 2 700 francs congolais avant l'arrivée de la rébellion, dépasse désormais les 3 000 francs, d'après les témoignages des cambistes.
Réouverture de la CADECO par l'AFC-M23
Vers fin mars, la coalition rebelle, nouveau maître de Goma, a annoncé la réouverture de la Caisse d'épargne et de crédit (CADECO) Sarl. Elle a procédé à la nomination de nouveaux animateurs de cette institution publique afin de contourner le système financier du gouvernement congolais, en instaurant un mécanisme permettant la circulation courante de la monnaie.
Réplique du gouvernement
Dans la foulée, le vice-premier ministre, ministre de l'Économie nationale, Daniel Mukoko Samba, a indiqué que l'initiative des rebelles ne fonctionnerait pas, car la Banque centrale du Congo (BCC) est le socle du système bancaire du pays et le superviseur en chef des institutions financières. Il a remis en cause la crédibilité de la CADECO, qui se trouverait dans une impasse financière depuis longtemps.
Crise à Bukavu
La ville de Bukavu, sous l'emprise de la rébellion, n'est pas épargnée par les crises financières. La population paie un lourd tribut : prélèvement illégal de 10 % sur les transactions via Mobile Money.
La scène est digne d'un film hollywoodien, mais hélas, ce fait se déroule dans la province du Sud-Kivu, à Bukavu, ville sous occupation des rebelles AFC-M23 où les opérateurs prélèvent systématiquement 10 % sur les transactions (retraits et transferts) via Mobile Money. Les opérateurs mobiles justifient ce prélèvement illégal en raison de la pénurie de devises sur le marché.
César OLOMBO