La République Démocratique du Congo s’est une fois de plus illustrée sur la scène internationale lors de la 16ᵉ session du Forum mondial sur les matières premières, organisée par la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED). Les échanges de cette troisième journée, ce mercredi 22 octobre, ont été consacrés aux questions relatives aux matières premières, un domaine au cœur de l’économie congolaise et de l’attention mondiale.
Intervenant comme panéliste à cette tribune de haut niveau, le représentant de la RDC, Julien Paluku, ministre du Commerce extérieur, a présenté les politiques et mesures gouvernementales visant à renforcer la valeur ajoutée nationale et à stimuler les exportations dans le secteur minier.
Parmi les innovations majeures exposées figurent l’obligation faite à tout titulaire de droit minier d’exploitation de traiter ou de faire traiter les substances minérales en produits marchands avant exportation ; la présentation d’un plan d’industrialisation de la mine par chaque opérateur, en vue d’accélérer la transformation locale ; ainsi que le respect strict des règles de diligence et de traçabilité, notamment pour les minerais dits « 3T » (étain, tantale, tungstène), particulièrement sensibles dans la partie Est du pays.
Ces réformes, inscrites dans la stratégie de gouvernance minière du gouvernement, visent à rompre avec le modèle d’exportation brute et à favoriser l’industrialisation nationale.
Cependant, plusieurs défis subsistent. Le ministre a notamment évoqué dans son discours, la résistance au changement de certaines entreprises minières face aux nouvelles exigences du Code minier, telles que l’ouverture de 10 % du capital aux Congolais et la réservation de la sous-traitance aux entreprises locales ; la volatilité des cours mondiaux, en particulier celui du cobalt, passé de 80 000 USD la tonne en 2022 à 21 000 USD en février 2025, ce qui avait conduit la RDC, premier exportateur mondial, à suspendre temporairement ses exportations.
Une mesure qui a permis de redresser le prix à près de 40 000 USD la tonne ; ainsi que la question énergétique, considérée non comme un obstacle, mais comme une opportunité d’investissement stratégique, dans la mesure où l’industrialisation minière requiert une offre énergétique fiable.
Julien Paluku a, par ailleurs, proposé à la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED) de piloter la création d’une organisation mondiale regroupant les pays producteurs et exportateurs de minerais stratégiques, à l’image de l’OPEP pour le pétrole.
Trois appellations ont été suggérées : OPEMS (Organisation des Pays Exportateurs des Minerais Stratégiques), CMMS (Conseil Mondial des Minerais Stratégiques) ou OPPEM (Organisation des Pays Producteurs et Exportateurs des Minerais).
Cette proposition, accueillie avec un vif intérêt par plusieurs délégations, pourrait ouvrir la voie à une coordination internationale inédite sur la gouvernance des ressources minérales stratégiques, secteur clé de la transition énergétique mondiale. Reste donc son application.
Jean-Baptiste Leni