Le Département d'État américain a annoncé, dans un communiqué samedi 10 mai 2025, avoir mobilisé à ce jour plus de 6 milliards de dollars pour soutenir le développement du corridor de Lobito, un projet d'infrastructure stratégique pour les États-Unis, reliant l'Angola, la République démocratique du Congo, et la Zambie. Ce projet vise à améliorer l'accès aux marchés mondiaux des ressources naturelles, notamment en cuivre et en cobalt, essentiels à la transition énergétique mondiale, en provenance de la République démocratique du Congo, qui détient, en elle seule, plus de 70% de réserves mondiales de cobalt.
Le corridor de Lobito comprend plusieurs infrastructures clés : le port de Lobito, le terminal minier, l'aéroport de Catumbela et le chemin de fer de Benguela. En RDC, il relie les provinces minières du Tanganyika, du Haut-Lomami, de Lualaba et du Haut-Katanga. Cette infrastructure offre une alternative au transport routier, longtemps prédominant, pour l'exportation des métaux précieux vers les marchés internationaux.
Le projet est également soutenu par l'Union européenne et s'inscrit dans le cadre du Partenariat pour les infrastructures et les investissements mondiaux (PGII) du G7. Il est mis en œuvre par un consortium international, le Lobito Atlantic Railway, composé des entreprises Trafigura (Suisse), Vecturis (Belgique) et Mota-Engil (Portugal), qui ont remporté l'appel d'offres international pour l'exploitation de ce corridor pour une durée de 30 ans. Le consortium s'engage à porter la fréquence des trains à 49 convois par jour, à créer 1 600 emplois directs et à assurer l'entretien des infrastructures.
Le corridor de Lobito est perçu comme un catalyseur de développement économique pour la région, renforçant la coopération entre les pays de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC). Il permettra de réduire considérablement les délais d'expédition, transformant cette région en un pôle clé du commerce mondial. Le président congolais Félix Tshisekedi a souligné que le projet pourrait créer des dizaines de milliers d'emplois et changer durablement la trajectoire de la région.
Cette mobilisation financière des États-Unis pour le corridor de Lobito témoigne de leur engagement à soutenir le projet lancé par l'ancien locataire de la maison blanche Joe Biden. Par ailleurs, l'annonce de cette mobilisation intervient dans un contexte où les États-Unis se sont fortement impliqués dans le rétablissement de la paix en République démocratique du Congo, qui constitue le pilier de la stabilité de la région, à travers le processus de paix à Doha mené par Qatar pour que la RDC et le Rwanda parvienne à un accord de paix. En avril dernier, un pas important a été déjà franchi, avec la signature par les deux parties de la déclaration des principes, intégrant le volet économique dans la région de Grands Lacs avec les investissements américains, qui s'en suivront en cas d'une stabilité.
Jean-Baptiste Leni
