La République démocratique du Congo (RDC), premier producteur mondial de cobalt, a suspendu pour quatre mois l'exportation de ce métal stratégique depuis le 22 février 2025. Cette décision, prise par l'Autorité de Régulation et de Contrôle des Marchés des Substances Minérales Stratégiques (ARECOMS), vise à contrer la surabondance sur le marché international et à stabiliser les prix, qui ont chuté de près de 50 % en deux ans, selon Bankable.
En parallèle, le gouvernement congolais envisage la mise en place de quotas d'exportation pour mieux réguler le flux de cobalt sur le marché mondial. Cette stratégie a été au cœur des discussions entre le ministre des Mines, Kizito Pakabomba, et une délégation du Fonds monétaire international (FMI) lors d'une rencontre à Kinshasa le 8 mai 2025. Les échanges ont également porté sur la gouvernance du secteur minier, la mobilisation des recettes publiques et la contribution du cobalt à la transition énergétique mondiale, selon un communiqué du ministère des Mines.
Depuis l'annonce de la suspension, les prix du cobalt ont connu une hausse significative. Selon les données de Fastmarkets, le prix de l'hydroxyde de cobalt a bondi de 84 %, atteignant 10,5 dollars la livre, tandis que le cobalt métal a progressé de plus de 43 %.
La RDC, qui représente environ 75 % de la production mondiale de cobalt, joue un rôle crucial dans l'approvisionnement de ce métal essentiel à la fabrication des batteries pour véhicules électriques et autres technologies vertes. La suspension des exportations et la mise en place de quotas visent à renforcer la position du pays sur le marché mondial et à assurer une gestion plus durable de ses ressources naturelles.
De son côté, le chef de mission du FMI, Calixte Ahokpossi, a souligné le rôle crucial du secteur minier dans la mobilisation des recettes publiques et dans la lutte contre le changement climatique.
Selon Cobalt Bourse-Investing, le prix du cobalt en ce mois de mai 2025 est de 33 630,99 USD la tonne, contre 30 000 USD précédemment. En une semaine après sa suspension, il avait connu une hausse de 27 % sur le marché mondial, d'après le ministère congolais des Mines.
Pour l'Institut du Cobalt, une structure internationale regroupant des industriels, la demande en cobalt pourrait afficher en 2025 une augmentation de plus de 10 %, alors que les besoins pour la fabrication de batteries de véhicules électriques demeurent très importants. Ils pourraient atteindre 227 000 tonnes, soit 11 % de plus que l'année précédente. En 2024, on n'avait enregistré qu'une demande en hausse de 4 % par rapport à 2023. Sans le cobalt congolais, le marché mondial risque de faire face à une pénurie aiguë, au point de pousser certaines industries de production de véhicules électriques à réduire ou arrêter leur production.
Une évaluation de cette mesure a été annoncée par le président de la République, sans doute au cours du mois de mai, à l'issue de laquelle une nouvelle décision pourra, si nécessaire, modifier ou mettre fin à cette suspension temporaire.
Jean-Baptiste Leni