Selon de nouvelles révélations publiées le lundi 14 juillet 2025 par Bloomberg, le milliardaire israélien reconnaît pour la première fois, selon ses propres termes, avoir versé d’importantes sommes d’argent à Augustin Katumba Mwanke dans le cadre de ses investissements miniers en République démocratique du Congo et avoir détenu des entreprises au nom de ce dernier. Dans un communiqué publié le lundi 14 juillet 2025, le Congo n’est pas à vendre (CNPAV) appelle les instances judiciaires du pays – principalement la République démocratique du Congo – à se saisir enfin de ce dossier.
« Le CNPAV appelle toutes les institutions compétentes à intensifier leurs efforts pour enquêter et poursuivre les paiements versés à M. Katumba Mwanke ainsi qu’à d’autres responsables congolais », peut-on lire dans le communiqué.
Le CNPAV appelle par ailleurs les autorités américaines à « maintenir les sanctions tant qu’une réelle redevabilité pour ces paiements ne sera pas atteinte. Cela passe nécessairement par une renégociation entière de l’accord Ventora-RDC, qui perpétue l’enrichissement de M. Gertler plutôt que de favoriser sa redevabilité ».
Dans le même document, le CNPAV appelle les autorités congolaises à « garantir l’espace civique dans ce dossier, notamment en annulant immédiatement la décision de condamnation à mort prononcée à l’encontre des lanceurs d’alerte Gradi Koko et Navy Malela ».
Pour le CNPAV, « ces révélations s'ajoutent aux nombreuses enquêtes sur l’enrichissement illicite de M. Gertler grâce aux mines et blocs pétroliers de la RDC. Les éléments mis en lumière dans l’article de Bloomberg découlent d’une décision arbitrale en Israël de 1 224 pages opposant Gertler et deux hommes d'affaires israéliens, rendue en avril 2024 et obtenue par un membre de la coalition CNPAV, la Plateforme de protection des lanceurs d'alerte en Afrique (PPLAAF) ».
À en croire cette plateforme de la société civile, cette décision révèle comment celui qui se désigne comme « un roi au Congo » a eu accès à des droits miniers grâce à des manœuvres secrètes et à des paiements substantiels à des individus proches d'anciens dirigeants de la RDC :
« Dans sa déposition, M. Gertler décrit comment il a gagné la confiance d'Augustin Katumba Mwanke, alors principal conseiller de l'ancien président Joseph Kabila. Il affirme avoir effectué d’importants paiements et détenu des parts dans des entreprises enregistrées au nom de Katumba ».
Selon le CNPAV, qui cite l’arbitre Eitan Orenstein, « Katumba utilisait ses relations avec les autorités congolaises pour faire en sorte que les opportunités liées aux actifs miniers de la RDC soient systématiquement proposées en priorité à Gertler. Gertler déclare à cet égard :
“De tout ce que j'avais, la moitié lui appartenait.” » Toutefois, ce dernier précise que Katumba n’avait pas de position officielle au sein du gouvernement durant la période couverte par l’arbitrage, et que les relations commerciales entre les deux ne constituaient donc pas de la corruption. Cependant, le Département de la Justice américaine avait déjà obtenu des preuves de pots-de-vin versés par Gertler à Katumba Mwanke dans l’affaire Och Ziff, où le politicien apparaît comme « DRC Official 2 ».
Par ailleurs, dans un témoignage de 2014 joint à la sentence arbitrale, Gertler se décrit comme « Le roi de la MIBA à ce jour », la MIBA étant la société diamantaire d'État à l'origine de certains des contrats d'extraction de diamants les plus importants de l'histoire de la RDC. Gertler reconnaît également avoir accordé des prêts à la RDC. Ses avocats ont précisé que le prêt avait été accordé à la MIBA, affirmant que de tels arrangements financiers n'étaient « en aucun cas inappropriés ou inhabituels ».
Dans la décision d'arbitrage, Gertler admet également avoir fourni de l'argent liquide directement au gouvernement congolais et à la Banque centrale, consolidant ainsi son rôle de bouée de sauvetage du régime :
« J'ai donné de l'argent au gouvernement. À la Banque centrale du Congo. En liquide. »
Cependant, renseigne le CNPAV, Gertler a nié toute faute ou irrégularité dans ces démarches. De leur côté, ses avocats affirment que ce sont des pratiques parfaitement normales dans ce type de contexte.
« Dan Gertler dit qu'il est un roi au Congo, mais son royaume a été construit sur le dos des citoyens congolais grâce à des accords douteux avec l'élite de notre pays », a déclaré Jean-Claude Mputu, porte-parole de la coalition CNPAV.
Bienvenu Ipan