Les mesures de réduction du train de vie des institutions annoncées au début de l’année 2025 par le président de la République permettent à l’Etat congolais de mobiliser aujourd’hui entre 42 et 50 milliards de francs congolais chaque mois, soit près de 15 millions de dollars, affirme Doudou Fwamba, ministre de Finances. Des économies substantielles qui, selon lui, s’inscrivent dans les efforts du gouvernement de maintenir les finances publiques dans un contexte particulièrement marqué par la crise de guerre dans l’Est, ainsi que les besoins endogènes du pays.
« Le président de la République a donné l’exemple en réduisant de 30 % ses propres frais et ceux de ses services, y compris le fonds spécial d’intervention et de fonctionnement. Cette discipline a ensuite été étendue à d’autres institutions, y compris le gouvernement, le Sénat et l’Assemblée nationale, dont la dotation a été réduite de manière drastique, passant de 42 milliards de FC à 28 milliards » a souligné Fwamba.
Le ministre a précisé que les sommes économisées ne sont pas uniquement orientées vers l’effort de guerre, mais servent également à financer des travaux de réhabilitation d’infrastructures, notamment la voirie urbaine à Kinshasa et dans d’autres villes du pays.
Concernant la masse salariale, qui, selon la première ministre, occupe une partie importante de finances publiques, et risque de les fragiliser, Doudou Fwamba a tenu à rappeler le contexte. Selon lui, cette situation trouve son origine dans les décisions prises avant 2018.
« Dans leur quête de gagner les élections, certains responsables du régime précédent avaient signé des dizaines d’arrêtés gonflant les effectifs dans la fonction publique. Le président Tshisekedi, en arrivant au pouvoir, avait deux choix : expulser ces agents ou les maintenir par souci d’équité. Il a choisi de les garder », a-t-il expliqué.
Un autre facteur majeur est lié à la gratuité de l’enseignement, qui a nécessité la mécanisation de plus de 180 000 enseignants jusque-là non rémunérés, avec une revalorisation progressive de leurs salaires.
Enfin, la dépréciation du franc congolais (-28 % entre 2021 et 2024) et l’inflation (23 % en 2023) ont entraîné des revendications salariales de la part des enseignants, médecins, militaires et policiers. « Nous avons augmenté de 50 000 FC les salaires des enseignants et doublé ceux des forces de sécurité », a précisé le ministre.
Au-delà des questions budgétaires et salariales, Doudou Fwamba a tiré la sonnette d’alarme sur le défi de la perception internationale de la RDC en matière de gouvernance.
« Nous avons peut-être mal vendu nos efforts dans la lutte contre la corruption. En communiquant de manière trop externalisée, nous avons donné l’impression que notre pays ne faisait pas assez », a-t-il souligné, tout en rappelant l’action de l’Inspection générale des finances (IGF) et des réformes mises en place sous l’impulsion du président Tshisekedi.
Avec ces coupes générant 15 millions de dollars par mois, le gouvernement entend montrer sa détermination à rationaliser les dépenses publiques tout en renforçant l’investissement dans les priorités sociales et économiques.
« L’objectif est clair : réduire le train de vie des institutions pour mieux financer la sécurité, les infrastructures et l’amélioration du quotidien des congolais », a conclu le ministre.
Jean-Baptiste Leni