RDC : La première ministre appelle au respect strict de la chaîne de la dépense pour consolider la stabilité et préserver les engagements pris avec les partenaires

Judith Suminwa, première ministre de la RDC. Photo d'illustration
Judith Suminwa, première ministre de la RDC. Photo d'illustration
PAR Deskeco - 25 oct 2025 09:32, Dans Finances

La Première ministre, Judith Suminwa Tuluka, a appelé, lors de la 64 réunion ordinaire du Conseil des ministres tenue ce vendredi 24 octobre 2025, la nécessité pour les membres du gouvernement de respecter rigoureusement la procédure de la chaîne de la dépense publique. Une exigence, a-t-elle souligné, qui s’inscrit dans le cadre des instructions du président de la République visant à protéger le pouvoir d’achat des Congolais et à assurer la stabilité du franc congolais sur le marché.

Selon la cheffe du gouvernement, les récents résultats économiques positifs traduisent la volonté du gouvernement de maintenir la stabilité macroéconomique, soutenue par une politique monétaire crédible et cohérente conduite par la Banque centrale du Congo (BCC). Toutefois, elle a averti que cette amélioration conjoncturelle ne pourra se consolider qu’à travers une discipline budgétaire constante et une coordination étroite entre les politiques budgétaire et monétaire.

« Cette amélioration conjoncturelle ne pourra se consolider qu’en faisant preuve de rigueur budgétaire constante, la stabilité de monnaie et la confiance de nos partenaires repose sur le respect scrupuleux de la chaîne de la dépense publique et sur une coordination étroite entre la politique budgétaire et monétaire. La première ministre a tenu à souligner que l’arrêté interministériel de décembre 2024 a consacré le manuel révisé à titre transitoire de procédure et du circuit de la dépense publique. Ce document constitue une référence commune, définissant avec précision les étapes de dépenses publiques, à savoir l’engagement, liquidation, ordonnancement et paiement fondé sur le plan d’engagements budgétaires et le plan de trésorerie », indique le compte rendu du conseil de ministres. 

La Première ministre a précisé que le respect de ces règles n’est pas une simple formalité administrative, mais bien une exigence économique, essentielle pour consolider les récents gains du franc congolais, maîtriser l’inflation et préserver la crédibilité du pays auprès du FMI, de la Banque mondiale et des autres partenaires financiers.

Elle a mis en garde contre les engagements non planifiés et les dépenses hors circuit, qui affaiblissent la trésorerie de l’État et compromettent les réformes entreprises. Pour rappel, le Fonds Monétaire International a récemment recommandé au gouvernement congolais de réduire, dans le cadre de son programme de facilités élargies de crédit, le recours en mode d’urgence. La deuxième revue de ce programme prévue en octobre ne s’est jusque-là concrétisé. La récurrence de mode d’urgence risque ainsi de compromettre des engagements pris avec les partenaires techniques et financiers, telles qu’avec les institutions de Bretton Woods.

La première ministre a, par ailleurs, souligné l’importance du paiement régulier des frais de fonctionnement des services publics conformément au budget, afin d’assurer la continuité de l’action gouvernementale et d’éviter tout déséquilibre dans la mise en œuvre des politiques publiques.

« Elle a conclu en disant compter sur les engagements et la rigueur de membres du gouvernement pour consolider les acquis récents, maintenir la stabilité financière et garantir la réussite de programme d’action du gouvernement, ainsi elle a demandé au ministre du Budget de veiller à la stricte exécution du plan d’engagement budgétaire, au ministre de finances de s’assurer que les paiements se fassent exclusivement selon le plan de trésorerie en fonction de la disponibilité réelle et de ressources », rapporte le compte rendu. 

De son côté, Valery Madianga, expert en finances publiques, a exprimé ses inquiétudes quant à la montée des dépenses exécutées en mode d’urgence, lesquelles dépassent désormais 10 % de l’ensemble des dépenses publiques, alors qu’elles devraient, selon lui, rester limitées à 5 %.

Selon une analyse du Centre de recherche en finances publiques et développement local, basée sur les états de suivi budgétaire du premier semestre 2025, les dépenses effectuées en mode d’urgence ont atteint un milliard de dollars américains.

« Il faut rétablir la discipline budgétaire pour garantir l’efficacité de la dépense publique et la consommation équilibrée du budget national », a alerté Valery Madianga.

Jean-Baptiste Leni

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