Réduction du train de vie des institutions : la Première ministre affirme que le Trésor public coupe 30 % sur ses frais, et ceux de son gouvernement, y compris du chef de l’État

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PAR Deskeco - 25 aoû 2025 13:36, Dans Actualités

Dans un entretien médiatique accordé en marge de la TICAD 9 au Japon, la Première ministre du gouvernement congolais a laissé entendre que le Trésor public congolais retranchait au moins 30 % sur ses frais, ainsi que ceux de tous les membres de son gouvernement. Elle a ajouté que la mesure s’inscrivait dans le cadre de la réduction du train de vie des institutions politiques en République démocratique du Congo, et incluait également le président de la République.

« La réduction du train de vie des institutions, nous l’avons déjà. Vous savez, moi en tant que Première ministre, tous mes frais sont coupés de 30 %. Tout ce que le Trésor public dépose pour moi, c’est moins 30 %, et je ne suis pas la seule ; tous les autres membres du gouvernement ainsi que le chef de l’État, nous sommes concernés par ça. Donc, ce n’est pas quelque chose qu’on lance juste comme ça comme un slogan, c’est quelque chose qu’on applique », affirme-t-elle.

Pourtant, depuis l’annonce de la réduction du train de vie des institutions politiques par le président de la République le 29 janvier 2025, aucune annonce préalable d’une telle mesure n’a été officialisée. Le ministre du Budget sortant, Aimé Boji, avait plutôt dévoilé, lors de la 31ᵉ réunion ordinaire du Conseil des ministres, vendredi 7 février 2025, des mesures de coupes sur les frais de fonctionnement et des interventions économiques des institutions politiques et cabinets ministériels, sur les interventions économiques des institutions, sans toutefois préciser le montant à couper.

Pour rappel, Félix-Antoine Tshisekedi a annoncé, fin janvier 2025, la réduction du train de vie, en vue de mobiliser plus de fonds en faveur de l’armée congolaise face à l’entrée des rebelles du M23 dans deux régions de l’Est, dont le Nord et Sud-Kivu au début 2025.

Judith Suminwa a, par ailleurs, souligné que moins de fonds ont été orientés vers le développement lors de cet exercice budgétaire, suite à la situation sécuritaire que traverse le pays. La réduction des dépenses de l’État a été un impératif, à en croire ses propos, pour maintenir la crise sous contrôle.

« Nous n’avons pas pu investir dans le développement comme nous voulons le faire, parce qu’il y a quand même toute une partie de nos recettes qui va dans les aspects sécuritaires. Et donc, ça veut dire que nous devons aussi faire un arbitrage dans les différentes dépenses que nous avons, dans les différentes missions qui doivent être menées, particulièrement les missions à l’extérieur », indique-t-elle.

S’agissant des institutions politiques, un rapport publié en février 2025 affirme que la présidence congolaise est l’institution la plus coûteuse en République démocratique du Congo. Le rapport illustre qu’en 2024, elle a consommé 99 % de ses crédits votés uniquement au premier semestre, soit entre janvier et juin 2024 ; il ne lui restait qu’un seul pourcent pour le reste de l’exercice.

La même année, le budget de la présidence a été augmenté de plus de 19 % par rapport au budget de 2023, selon un Plan d’engagement budgétaire qu’Actualité.cd a étudié. Cette augmentation est justifiée par 551 agents engagés en une année dans cette institution, alors qu’en 2023, ils étaient 7 535, contre 8 086 en 2024.

Les organisations de la société civile, telle que le « Réseau panafricain de lutte contre la corruption » (UNIS), déplorent, pour leur part, le manque « criant » d’une réelle volonté politique pour la mise en œuvre de la réduction du train de vie des institutions en République démocratique du Congo. Elles avaient appelé le gouvernement à publier tous les salaires des institutions publiques en vue d’établir de la transparence.

Jean-Baptiste Leni

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