Alors que le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) salue un nouvel accord entre Eurasian Resources Group (ERG), un géant minier basé au Luxembourg dont le Kazakhstan détient 40 % des parts, d’un côté, et la Générale des carrières et des mines (Gécamines), qui appartient à l’État congolais, de l’autre, des voix s’élèvent pour dénoncer ce nouvel accord.
Pour l’opposant Franck Djongo, cet accord est « une trahison historique, signée hors du pays, dans le dos du peuple ». Selon lui, le pouvoir de Kinshasa a « soldé » « le cobalt et le cuivre » du pays pour « enrichir le monde et appauvrir le Congo », indique-t-il dans un message sur son compte X. Il regrette que la Gécamines, « jadis fleuron national », soit « réduite à une marionnette aux mains des prédateurs ».
Du côté du gouvernement, l’on salue « un accord qui construit une nouvelle histoire entre ERG et Gécamines, entre ERG, les intérêts kazakhs et la RDC ».
« Nous avons soldé le passé, qui était avec plusieurs obstacles, et nous nous fixons dès à présent d’aller vers un avenir meilleur. Nous avons profité de ça pour pouvoir rééquilibrer les relations de manière positive pour tout le monde », a déclaré Guy Robert Lukama, président du conseil d’administration de la Gécamines, lors de la signature dudit accord.
Le ministre des Mines, Louis Watum Kabamba, a pour sa part souhaité que cet accord soit profitable à l’économie congolaise et aux communautés locales. « Il y a l'obligation des parties et chacun doit jouer sa partition pour que nous puissions créer des richesses et les répartir de manière équitable », a-t-il indiqué mardi dernier.
Le nouvel accord a été signé mercredi 10 septembre dernier à Astana (Kazakhstan) entre les représentants de la Gécamines et ceux d’ERG.
L’Autorité de régulation de la sous-traitance (ARSP) avait radié ERG du marché de la sous-traitance, l’accusant d’avoir dissimulé la propriété de neuf entreprises sous-traitantes contrôlant à elles seules 98 % des marchés locaux. Allégations rejetées par ERG, qui affirmait que les sous-traitants mentionnés « n’étaient pas directement associés » au groupe.
L’entreprise avait par ailleurs affirmé coopérer pleinement avec l’ARSP, notamment dans la mise en œuvre des recommandations correctives, tout en mettant l’accent sur ses investissements en RDC estimés à plus de 9 milliards de dollars entre 2009 et 2022, générant 1,6 milliard de dollars en impôts et redevances.
Bruno Nsaka