RDC : « cette appréciation du franc congolais a des répercussions sur le niveau des prévisions budgétaires élaborées sur base des réalisations à fin juin », Judith Suminwa devant les députés

Franc Congolais
Franc Congolais
PAR Deskeco - 26 nov 2025 08:58, Dans Actualités

Lors de la présentation du projet de loi de Finances le 18 novembre dernier devant les députés nationaux et le nouveau président de la chambre basse du parlement, la première ministre Judith Suminwa a souligné que l'appréciation du franc congolais a entraîné des répercussions sur le niveau des prévisions budgétaires élaborées sur la base des réalisations à fin juin.

« Bien entendu, cette appréciation du franc congolais a des répercussions sur le niveau des prévisions budgétaires élaborées sur la base des réalisations à fin juin telles que contenues dans le projet de loi de finances pour l'exercice 2026 que j'ai l'honneur de vous présenter ce jour. Qu'il plaise à votre auguste assemblé de me permettre de revenir sur ce point après la présentation des chiffres tels qu'arrêtés », a-t-elle déclaré.

En septembre dernier, la Banque centrale du Congo a injecté 50 millions de dollars sur le marché local en vue de redonner de la valeur à la monnaie locale. Cette injection a fait chuter le dollar américain de 2850 à 2000 FC congolais pour 1 USD, entraînant la perte du pouvoir d'achat de la population locale alors que les prix sur le marché local demeurent élevés en monnaie locale. Elle a également entraîné la baisse de recettes publiques, selon les experts en finances publiques, tels que Flory Mapamboli et le professeur Gode Mpoy.

La première ministre a également, lors de son discours, interpellé les députés sur les incidents que peut produire cette appréciation du franc congolais sur les prévisions du projet de loi de finances en cours d'examen pour l'exercice budgétaire 2026. Le gouvernement congolais étant en pleine négociation avec le Fonds monétaire international pour la deuxième revue de son programme, dont le décaissement prévu d'ici décembre est conditionné par la validation du conseil d'administration à Washington. Judith Suminwa a également appelé les députés à en tenir compte lors de la lecture du projet.

« Nous avons déposé devant le bureau de cette auguste assemblée un projet de loi de finances parfaitement aligné sur les réalités socio-économiques de notre pays et sur l'environnement international. Cependant, entre cette date de dépôt et aujourd'hui, nous expérimentons une évolution marquée substantiellement par l'appréciation du franc congolais et la baisse de l'inflation, pris en compte lors des discussions dans le cadre de la 2ème revue du programme FEC et la 1ère revue FRD avec le FMI », a-t-elle affirmé.

Avant d'ajouter :

« Il appartient dès lors, à votre auguste assemblée, en votre qualité d'autorité budgétaire, d'apprécier ces incidences et de les refléter lors de l'examen et vote de ce projet de loi de Finances ».

Concernant le programme en cours avec le gouvernement, la délégation pays du FMI a sorti récemment un communiqué pour saluer la résilience de l'économie congolaise malgré le contexte sécuritaire. L'équipe évoque également, dans son communiqué, la discipline budgétaire « soutenue », ainsi qu'une coordination renforcée entre les politiques budgétaire et monétaire. Des affirmations qui ont suscité des réactions dans l'opinion publique congolaise.

« Il est temps de regarder la vérité en face : le FMI et la Banque mondiale cautionnent désormais la corruption qu'ils prétendent combattre. Alors que la RDC traverse une crise humanitaire sans précédent, ces institutions continuent d'applaudir une prétendue « stabilité macroéconomique » qui n'existe que dans leurs rapports de mission. Ce double langage est indécent et moralement inacceptable », avait réagi avec véhémence l'acteur politique Olivier Kamitatu sur sa page X.

Avant de poursuivre :

« Comment parler de performance économique quand le peuple meurt de faim ? Comment saluer une gestion budgétaire alors que les fonds publics s'évaporent dans les circuits de la prédation et de la rente politique ? Les rapports de l'Unicef crient l'urgence ; ceux du FMI célèbrent des chiffres creux ».

Si le FMI parle de discipline budgétaire, les états du suivi budgétaire du premier semestre rendus publics dernièrement par le ministère du Budget en témoignent moins. Selon ce rapport, les institutions politiques continuent de briller par la surconsommation de fonds publics. La présidence, par exemple, a déjà consommé au-delà de son crédit annuel seulement au premier semestre.

Les états de suivi budgétaire démontrent également que plus d'un milliard de USD ont été retirés de la caisse de l'État par procédure d'urgence, une procédure pourtant dénoncée par le FMI dans ses précédentes communications. Au premier semestre, le gouvernement a eu recours à cette procédure pour notamment financer le fonctionnement des institutions et le paiement du personnel, selon Crefdl.

Jean-Baptiste Leni

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