RDC : Encore des accusations de monnayage de l'enregistrement et de l'identification des victimes de la guerre de Kisangani

La guerre de 6 jours
La guerre de 6 jours
PAR Deskeco - 14 juil 2025 18:01, Dans Actualités

Bernard Kalombola, président du Conseil d'administration du Fonds spécial de réparation et d'indemnisation des victimes des activités illicites en Ouganda (Frivao), a été accusé le week-end dernier par un membre de la société civile d'avoir engagé des pratiques frauduleuses, notamment le monnayage de l'enregistrement et l'identification des victimes de la guerre de six jours à Kisangani, en promettant d'insérer leurs noms dans la base de données du Frivao.

« C'est avec le plus grand désappointement que je reçois les lamentations de plusieurs personnes vivant à Kisangani et ses environs. Preuve à l'appui, ces dernières affirment être doublement victimes de l'escroquerie organisée savamment par l'association dénommée Fonds de solidarité des victimes des guerres de la province Orientale (FSVGPO), dirigée par monsieur Bernard Kalombola Lisandja.

En effet, au nom de cette ASBL et profitant de sa fonction au sein du Frivao, le précité procède frauduleusement au monnayage de l'enregistrement et de l'identification des "victimes" des guerres à Kisangani, tout en leur promettant que leurs noms seront insérés dans la base de données du Frivao. Pire encore, sans qualité ni compétence aucune, monsieur Kalombola octroie à ces victimes des attestations de décès, alors que seuls les officiers de l'état civil en ont la compétence », a révélé Abed-Négo-Zacharie Kingombe, activiste au sein du mouvement citoyen "Lutte pour le changement" (LUCHA).

Ce dernier estime que ces actes crapuleux et inciviques sont posés dans le but de saboter le travail de la direction générale du Frivao, d'enrichir indûment certaines personnes n'ayant ni qualité, ni le moindre droit d'être indemnisées, et ce au grand dam des véritables victimes.

Le PCA du Frivao au cœur d'une instrumentalisation de la jeunesse et de détournement ?

« Cette ruse teintée d'une cupidité insatiable du président de cette fameuse association, de surcroît PCA du Frivao, crée des tensions inutiles entre le Conseil d'administration et la direction générale de cet établissement public. Mais surtout, elle engendre des fissures, des troubles et une cacophonie entre les victimes, rendant difficile la distinction entre celles qui sont réellement victimes et celles qui ne le sont pas », regrette Abed-Négo-Zacharie.

Enfin, cet acteur de la société civile renchérit : 

« Dans sa logique de déstabiliser la direction générale pour des raisons qui lui sont propres, le PCA ne cesse d'instrumentaliser les jeunes autour de dossiers inventés de toutes pièces, notamment l'affaire des 850 000 USD de frais de fonctionnement. Cet argent avait été décaissé pour couvrir six mois de fonctionnement de l'établissement. Grâce à son savoir-faire basé sur une transparence immaculée, le DG intérimaire est allé au-delà de six mois. Pour prouver sa bonne volonté de faire rayonner cet établissement, le DG avait alloué au Conseil d'administration le tout premier frais de fonctionnement, évalué à plus de 45 000 USD. En lieu et place de féliciter cet acte, le PCA ne fait qu'allumer le feu pour exprimer son éternelle insatisfaction », s'est-il enflammé.

Contacté par notre rédaction, le PCA du Fonds spécial de réparation et d'indemnisation des victimes des activités illicites en Ouganda (Frivao) s'est abstenu de commenter et n'a pas voulu fournir d'explications sur les accusations qui pèsent sur lui.

Victimes de la guerre de Kisangani identifiées par l'État congolais

D'après le coordinateur national du Frivao, l'abbé François Mwarabu Ngalema, « un total de 14 000 victimes a été identifié. Après un examen et une analyse des dossiers par le Conseil d'administration, 4 131 victimes ont été sélectionnées pour le paiement des indemnisations, conformément à certains critères établis par la Cour internationale de Justice ».

Origine des fonds du Frivao et gestion problématique

En 2022, la Cour internationale de Justice (CIJ) a ordonné à l'Ouganda de verser 325 millions de dollars en compensation pour les préjudices causés lors de la guerre de six jours et durant la période entre 1998 et 2000 en République démocratique du Congo (RDC). Cette condamnation fait suite aux actions militaires de l'Ouganda sur le sol congolais, principalement à Kisangani. À ce jour, l'Ouganda a déjà transféré 195 millions de dollars à la RDC.

Soupçons de mauvaise gestion au Frivao

Créé par le décret n°19/20 en date du 13 décembre 2019, cet établissement public a pour mission principale de distribuer des indemnisations individuelles et collectives aux victimes ainsi qu'aux entités (publiques et privées) touchées par la guerre de six jours qui a eu lieu entre 1998 et 2003. Cependant, ce même établissement est accusé dans un récent rapport du mouvement citoyen Filimbi d'avoir détourné 850 000 USD provenant du fonds d'indemnisation des victimes à des fins de dépenses internes et de fonctionnement.

En mai dernier, le député Flory Mapamboli avait soumis une question écrite au coordonnateur du Fonds spécial de répartition de l'indemnisation aux victimes des activités illicites de l'Ouganda en République démocratique du Congo (Frivao). L'élu de Kasongo-Lunda affirme disposer d'informations relatant une gestion « peu orthodoxe » des fonds du Frivao.

César Olombo

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