Où en sommes-nous avec le projet américain du Corridor de Lobito ? Ce projet, initiative propre de l’ancien président américain Joe Biden, consistait à la construction du chemin de fer en vue de non seulement exporter les minerais stratégiques vers les Etats-Unis, mais aussi désenclaver la région de l’Afrique centrale, et renforcer le commerce régional.
Si en septembre dernier, les experts de l’Union européenne et américains ont présenté à Kinshasa les résultats des études de faisabilité, notamment sur le modèle économique, ce qui est une étape importante, des questionnements commencent à naître, notamment sur son avenir.
Face à la lenteur dans la mise en œuvre de ce projet sous l’administration Trump, des questions se multiplient sur ce qui semble être perçu comme de la démotivation. Ce mercredi 1 octobre 2025, le ministre de Commerce extérieur congolais, Julien Paluku, a échangé sur le projet avec une délégation du Centre européen de gestion de politiques, conduite par Mme Poorva Karkare.
Dans son intervention, Julien Paluku a mis un accent particulier sur l’accélération de la mobilisation des fonds pour la mise en œuvre du projet, à travers notamment Global Gateway, programme unissant la RDC et l’UE, et visant à mobiliser jusqu’à 300 milliards d’euros entre 2021 et 2027 pour le financement des investissements durables en République démocratique du Congo.
Selon le ministre, cette stratégie peut permettre le lancement de la première phase de travaux, axée sur l’étude de la faisabilité dans le cadre de Corridor de Lobito, qui est censé être financé par les Etats-Unis sous le coût de 6 milliards de dollars américains.
« Le corridor de Lobito reliant la RDC, la Zambie et l’Angola au port de Lobito a été au cœur d’une réunion ce 1 octobre 2025 entre Julien Paluku et Poorva Karkare du Centre Européen de Gestion des Politiques. L’objectif : booster le commerce régional et attirer divers investissements. Le Ministre du Commerce Extérieur a plaidé pour accélérer la mobilisation des fonds via Global Gateway, en vue de lancer des études de faisabilité. Il souhaite faire du corridor un programme intégré : infrastructures, énergie, transport, agro-industrie et compétences », peut-on lire dans un rendu du ministère.
La structure européenne a, par ailleurs, promis de s’engager pour multiplier des plaidoyers quant à ce auprès de partenaires techniques et financiers, dont l’Union européenne pour que le Global Gateway serve d’une issue pour la mobilisation de fonds pour le premier pas du projet.
« Le Centre Européen de Gestion des Politiques de Développement s’engage à renforcer le plaidoyer pour concrétiser ce projet stratégique, qui pourrait positionner la RDC comme une porte d’entrée du commerce international et un pôle d’investissement régional majeur », ajoute la cellule de la communication du ministère.
Pour rappel, avant cette rencontre, le ministre de Commerce extérieur a entamé depuis le 29 septembre dernier des plaidoyers sur la mise en œuvre de ce projet de Corridor de Lobito. Lors d’un panel organisé aux Etats-Unis en marge de la 80ième session de l’assemblée générale des Nations-Unies, Julien Paluku a appelé les responsables des entreprises y impliquées de privilégier beaucoup plus l’intégration du développement de compétences locales dans ce projet structurant pour qu’il soit bénéfique aux pays qui l’accueillent.
La composante importante qu’on ne doit pas oublier dans le programme Lobito devra être la formation des compétences. Si nous devons continuellement importer la main d’œuvre de l’extérieur pour développer ce programme, nous n’aurons pas aidé ce pays » avait-t-il déclaré, rappelant que la réussite de Corridor passe avant tout par la qualification de la jeunesse et des travailleurs congolais.
Jean-Baptiste Leni
