Le ministre en charge de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, a sollicité du gouvernement d’instruire le ministère des Finances afin d’intégrer les primes spécifiques des administrateurs de territoire et de leurs assistants dans l’enveloppe salariale normale. Cette mesure vise à ce que leurs paiements interviennent au même moment que la paie régulière de l’ensemble des agents de l’État.
Il a exprimé cette demande lors de la 61ᵉ réunion du Conseil des ministres tenue le vendredi 3 octobre 2025. Cette proposition intervient dans un contexte de revendication des administrateurs territoriaux suite aux retards récurrents ou non-paiement de leurs salaires.
Alors que le ministre de l’Intérieur plaide pour une intégration durable de ces primes, le ministre des Finances a, pour sa part, affirmé récemment sur Top Congo que la situation a été déjà réglée.
« On les a payés. On a payé les services déconcentrés. Je confirme qu’on les a payés. Le fonds a été déjà mis à la disposition du ministère de l’Intérieur », a-t-il déclaré.
Cette divergence de communication laisse planer le doute sur la réalité du paiement effectif des primes dues aux administrateurs de territoire, dont plusieurs continuent de dénoncer un manque de transparence dans la chaîne de distribution des fonds.
Pour rappel, en aout dernier, les administrateurs de territoire et leurs assistants avaient annoncé une grève illimitée, protestant contre des conditions de travail jugées inhumaines, notamment suite à l’absence de rémunération depuis près de trois ans.
Dans une correspondance adressée au vice-premier ministre en charge de l’Intérieur, ils avaient exprimé leur frustration face au silence du gouvernement, dénonçant le non-paiement de leurs salaires, primes et frais de fonctionnement depuis leur nomination en janvier 2023.
Ce mouvement, qui avait touché les 145 territoires du pays, menaçait alors de paralyser les services administratifs de proximité, essentiels à la gestion quotidienne des affaires locales.
En février 2025 déjà, les administrateurs avaient interpellé le gouvernement sur la précarité de leur situation qui compromet leur mission de gestion et de suivi des populations.
« Pour survivre, nous sommes contraints de quémander auprès des habitants que nous administrons. Nous manquons même de papier », avait confié l’un d’eux à Actualité.cd.
Malgré les assurances reçues à plusieurs reprises, aucune solution concrète n’avait été apportée. En mars 2024, ils avaient même saisi le président Félix Tshisekedi pour solliciter son arbitrage face à 16 mois d’impayés.
Jean-Baptiste Leni