RDC : le FMI déplore le taux élevé de recours aux procédures d'urgence, mais encourage le gouvernement à continuer de renforcer le respect de la chaîne de dépenses

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PAR Deskeco - 06 nov 2025 15:02, Dans Actualités

Dans son communiqué de presse rendu public ce mercredi 5 novembre 2025, après la conclusion de la deuxième revue économique de la Facilité élargie de crédit pour la résilience et la durabilité, le Fonds monétaire international a évoqué la question des réformes structurelles recommandées dans le cadre de son programme avec le gouvernement congolais.

Selon l'institution de Bretton Woods, la mise en application de ces réformes demeure « encourageante », notamment la mise en place du compte unique du Trésor, la digitalisation de la structure fiscale à travers la facture normalisée, l'activation de la Direction générale du Trésor et de la Comptabilité publique (DGTCP), ainsi que les efforts vers la déconcentration des ordonnancements afin de basculer vers le budget-programme.

Mais malgré ces efforts, le FMI estime qu'il est nécessaire de fournir des efforts additionnels pour mener à bout ces réformes.

« Les progrès sur l'agenda des réformes structurelles restent encourageants, particulièrement dans la modernisation de la gestion des finances publiques (GFP). Les autorités ont réalisé des progrès vers l'opérationnalisation de la Direction générale du Trésor (DGTCP), la déconcentration graduelle de l'ordonnancement des dépenses dans les ministères sectoriels, et la mise en place du compte unique du Trésor (CUT). Cependant, des efforts additionnels restent nécessaires pour mener ces réformes à terme », indique l'institution.

Parmi les efforts que le gouvernement congolais doit encore fournir pour la rationalisation des dépenses, figure la réduction du recours aux procédures d'urgence, qui, selon le FMI, reste élevé. Il encourage le gouvernement à continuer de renforcer le respect de la chaîne de dépenses.

« Bien que le respect de la chaîne de la dépense ait été renforcé à la suite de la refonte du cadre juridique y relatif, le recours aux procédures d'urgence reste élevé à cause des dépenses exceptionnelles de sécurité plus élevées que prévu en raison de la persistance du conflit armé », peut-on lire.

Pour rappel, selon les états de suivi budgétaire du premier semestre 2025, le gouvernement a dépensé plus d'un milliard USD à mi-année (juin) en recourant aux procédures d'urgence. Ce qui est une dérive budgétaire inquiétante, selon le Centre de recherche en finances publiques et développement local (CREFDL), qui estime que cette procédure ne devrait pas intervenir pour financer les dépenses courantes (rémunération, achats de consommables…).

Selon le centre, les principales institutions publiques figurent parmi les plus grands utilisateurs de cette procédure. La Présidence de la République, par exemple, avec 240,9 millions USD, soit 55,3 % de ses dépenses exécutées en mode d'urgence. Elle est suivie de la Primature (27,8 millions USD, soit 45,9 %), tandis que la Vice-primature affiche un taux record de 100 % des dépenses en procédure d'urgence.

Du côté du Parlement, l'Assemblée nationale et le Sénat ont respectivement dépensé 13,5 millions USD (9,4 %) et 527 581 USD (0,8 %) selon ce même mode.

Les ministères régaliens apparaissent également dans la liste des gros consommateurs de la procédure d'urgence.
Le ministère de la Défense nationale arrive largement en tête avec 634,7 millions USD, soit 70,5 % de ses dépenses. Il est suivi du ministère de l'Intérieur (74,1 millions USD, soit 66,6 %) et du ministère des Affaires étrangères (8,6 millions USD, soit 31 %). En revanche, certains ministères comme la Justice, les Transports ou encore la Communication et Médias affichent des montants modestes mais non moins préoccupants.

Le FMI encourage ainsi les autorités congolaises à intensifier la mobilisation des recettes intérieures ainsi qu'à améliorer l'environnement des affaires.

« La mission encourage les autorités à intensifier les efforts en matière de mobilisation des recettes intérieures, de gestion des investissements publics, de contrôle des abus sur la paie, de gouvernance et de transparence, surtout dans le secteur extractif, afin de lutter efficacement contre l'enrichissement illicite et la corruption, et d'améliorer l'environnement des affaires », peut-on lire.

Jean-Baptiste Leni

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