Dans son nouveau rapport sur la situation économique en RDC rendu public fin juillet, la Banque mondiale relève les difficultés d'accès des jeunes à l'emploi, ce qui aggrave la pauvreté et détériore les conditions sociales.
La Banque mondiale estime à seulement 3% par an la création d'emplois en RDC, portée essentiellement par le secteur minier dont la « nature capitalistique » limite la création de postes de travail.
« L'emploi des jeunes reste majoritairement informel et précaire. Le manque d'opportunités professionnelles inclusives, en particulier pour les jeunes, freine la réduction de la pauvreté et constitue un risque pour la stabilité sociale », indique le rapport.
Des chiffres alarmants
Le Rapport national sur l'emploi des jeunes, publié en 2022, avait déjà dressé un tableau sombre de la situation. Selon ce document, en milieu urbain, les chances des jeunes de trouver un emploi sont 23,9% plus faibles que pour un individu en milieu rural.
Le marché de l'emploi congolais est largement dominé par l'informel (84% des opportunités). Le secteur privé représente 51,8% des emplois, suivi par les ménages (38,7%), tandis que le secteur public est quasi inexistant.
Selon l'Office national de l'emploi (ONEM), entre 2019 et 2023, seul un tiers des 286 273 demandeurs d'emploi enregistrés ont trouvé un travail, malgré une légère amélioration en 2023 (16 333 placements contre 14 719 en 2022).
Le Programme pays de promotion du travail décent (PPTD) 2021-2024 souligne quant à lui le déséquilibre entre l'offre de main-d'œuvre et la demande des entreprises et administrations.
Un gouvernement en retard sur ses promesses
Cette situation est d'autant plus préoccupante que le gouvernement congolais a multiplié les annonces de mesures pour la création d'emplois, notamment en faveur des jeunes.
Le 3 avril 2024, lors de l'ouverture d'une matinée sur l'emploi organisée par l'ONEM, le président Félix Tshisekedi s'était engagé à créer 6,4 millions d'emplois en cinq ans. Cet objectif a été réaffirmé en juin 2024 par la Première ministre Judith Suminwa dans son programme gouvernemental.
Selon le chef du gouvernement, l'économie congolaise devrait générer en moyenne 1,5 million d'emplois par an entre 2024 et 2030 pour absorber les nouveaux entrants sur le marché du travail et réduire le sous-emploi.
Pour y parvenir, plusieurs actions étaient prévues, notamment la mise en place de coopératives agricoles modernes, le programme d'investissement des jeunes dans l'agro-industrie ; l’équipement de centres d'incubation pour entreprises agricoles ; la réhabilitation de brigades agricoles de jeunes.
Bruno Nsaka