Extension de la ville de Kinshasa : estimé à 12 milliards USD, Judith Suminwa appelle à un engagement collectif pour ce projet transversal

La ville de Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo
La ville de Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo
PAR Deskeco - 27 oct 2025 11:22, Dans Développement durable

La Première ministre, Judith Suminwa, a présenté, vendredi dernier, lors de la 64 réunion ordinaire du Conseil des ministres, le projet d’extension et de modernisation de la capitale congolaise, Kinshasa, dont la convention de collaboration a été ratifiée le 23 octobre 2025 entre le gouvernement congolais et le consortium sino-congolais « Development Zone ». Le projet prévoit l’extension de la ville vers la zone de Maluku.

« La Première ministre a fait le point du projet d’extension de la ville de Kinshasa. C’est à ce titre qu’elle a présidé, au nom du président de la République, le jeudi 23 octobre 2025, la cérémonie de signature de la convention de collaboration entre la RDC et le consortium sino-congolais Development Zone. Cette convention porte sur l’extension et la modernisation de la ville de Kinshasa, orientée vers une urbanisation maîtrisée, planifiée et équilibrée », a rapporté le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement.

Chiffré à 12 milliards USD, le projet s’étendra sur 430 km² et comprendra plusieurs zones d’activités économiques : industrielles, agropastorales, résidentielles, administratives et commerciales, ainsi qu’une base logistique.

« La Première ministre a tenu à souligner que la réussite de ce projet transversal dépend de l’engagement collectif, de la collaboration entre les membres du gouvernement concernés, des autorités de la ville de Kinshasa, ainsi que des organes techniques directement impliqués », a-t-il ajouté.

Judith Suminwa a par ailleurs instruit le ministre d’État en charge de l’Urbanisme et Habitat de lui soumettre, dans les meilleurs délais, une feuille de route précisant les « étapes critiques » de la mise en œuvre du projet, ainsi que les responsabilités directes de chaque partie prenante afin d’en assurer un suivi efficace.

Ce projet ambitieux vise ainsi à construire la « Cité industrielle Chine-Congo ». Selon la Primature, 1 200 unités industrielles y seront implantées, entraînant la création d’environ 150 000 emplois directs et indirects.

Cependant, des inquiétudes s’élèvent déjà quant aux retombées réelles pour la RDC. Certains observateurs redoutent que les principaux bénéfices reviennent à la partie chinoise. Plusieurs organisations de la société civile, dont la plateforme « Le Congo n’est pas à vendre », ont souvent dénoncé le manque de transparence entourant souvent les accords conclus avec les entreprises chinoises, à l’instar du contrat sino-congolais régulièrement critiqué.

Pour Jean-Claude Kibala, ancien ministre de la Fonction publique, « ce dont la RDC a besoin aujourd’hui, ce n’est pas d’une zone chinoise, mais d’une politique industrielle souveraine, fondée sur la formation des Congolais, la protection des PME nationales et le renforcement de l’économie locale ».

Selon lui, les PME congolaises restent exclues de la chaîne de valeur, tandis que les firmes étrangères concurrencent illégalement dans des secteurs non autorisés. Il estime en outre que, faute de formation suffisante en infrastructures, la partie chinoise importera la main-d’œuvre (ouvriers, ingénieurs, maçons) depuis la Chine. « Le mieux serait de travailler en interne pour que ce type de projet profite véritablement aux Congolais », souligne-t-il.

Pour rappel, la cérémonie de signature de cette convention s’est déroulée en présence de plusieurs membres du gouvernement, notamment Judith Suminwa, Adolphe Muzito, Alexis Gisaro, John Banza, Marc Ekila, Aimé Molendo, Jean-Lucien Bussa, Justin Kalumba, O’neige Nsele, Julie Mbuyi, ainsi que du gouverneur de la ville de Kinshasa, Daniel Bumba.

Jean-Baptiste Leni

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