RDC : « les pressions en termes d’augmentations de salaires sont jusque-là contenues, mais elles deviennent de plus en plus insoutenables », Judith Suminwa devant les députés nationaux

Photo d'illustration
Photo d'illustration
PAR Deskeco - 26 nov 2025 08:54, Dans Actualités

Le gouvernement congolais fait face à une envolée de sa masse salariale, un poids budgétaire qui limite sa capacité à orienter davantage de ressources vers les secteurs du développement. Déjà confronté à la persistance de l’insécurité dans l’Est de la RDC, qui affaiblit les finances publiques, le pays doit désormais relever ce défi qui s’impose pour l’équilibre des dépenses de l’État.

Judith Suminwa l’a reconnu lors de son discours devant les députés nationaux le 18 novembre dernier, lors de la présentation de la nouvelle loi de finances 2026, indiquant que les pressions actuelles en termes d’augmentation de salaires demeurent « contenues » par le gouvernement. Néanmoins, elles deviennent de plus en plus « insoutenables ».

« En ce qui concerne les rémunérations, les pressions en termes d’augmentations de salaires sont jusque-là contenues grâce à la discipline budgétaire que votre Gouvernement s’est imposée. Mais elles deviennent de plus en plus insoutenables, réduisant la capacité du Gouvernement à orienter les ressources publiques vers les investissements structurants dont le pays a besoin », a-t-elle déclaré.

Avant d’ajouter :

« À ce titre, sur instruction du Chef de l’État, la mise en place de la nouvelle politique salariale permettra de renforcer la justice sociale et l’efficacité de l’action administrative de l’État. Vous avez, dans le cadre du vote de la Loi de finances 2025, permis au Gouvernement d’établir les plafonds d’autorisation d’emplois ».

La cheffe du gouvernement a, de ce fait, appelé les députés nationaux à se joindre à la nouvelle politique salariale que tente de mettre en place le gouvernement, à travers notamment le ministère de la Fonction publique. L’objectif est de parvenir à contenir les pressions de la masse salariale.

« Je sollicite humblement votre adhésion à ces efforts du Gouvernement pour la mise en œuvre effective de la nouvelle politique salariale. Ainsi, les amendements sur les crédits liés aux rémunérations devraient tenir compte des plafonds d’emplois publics et des barèmes approuvés par votre Gouvernement, dans le strict respect du principe d’équivalence de grade et de l’équité », a-t-elle plaidé.

Une pression sur la masse salariale qui intervient en phase avec la baisse de recettes de l’État, suite à l’occupation de deux provinces dans l’Est du pays et l’augmentation des dépenses de sécurité. Selon l’Inspection Générale des Finances (IGF), l’État perd plus de 200 millions de dollars par mois de recettes douanières dans les zones occupées, correspondant à environ 9 % des recettes douanières. Le gouvernement indique combler le déficit par sa politique de resserrement budgétaire.

En février dernier, le gouvernement a pris la résolution de doubler les soldes des militaires et les salaires des policiers, avec comme objectif, selon le président de la République, de les motiver à défendre la patrie. Le gouvernement a également recruté et mécanisé de nouvelles unités dans l’armée et la police. Pour y parvenir, le Chef de l’État avait annoncé la réduction du train des institutions congolaises, avec une coupe de 30 % sur tous les frais des institutions.

Cela n’a pas suffi à contenir les pressions sur la masse salariale. Lors de la 60e réunion du conseil des ministres en septembre dernier, le Comité de conjoncture économique a alerté sur la pression croissante de la masse salariale qui, selon lui, dépassait la moitié des recettes courantes de l’État, avec « comme conséquence la fragilisation des finances et la réduction de la capacité de l'État à investir dans les priorités de développement ».

Le comité de conjoncture économique avait proposé de mener un contrôle rigoureux des effectifs, un axe central de discipline budgétaire, à travers la fusion et la poursuite sans interruption des opérations de contrôle menées par les ministères en charge respectivement de la Fonction publique et du Budget.

« L'objectif est d'identifier le doublon, le sureffectif et les avantages indus afin de les corriger. Une telle démarche permettra non seulement de maîtriser durablement la masse salariale mais aussi de dégager des économies significatives », indiquait le comité.

Jean-Baptiste Leni

Articles similaires