RDC : « Kinshasa Arena », un contrat coûteux, mais fortement entaché d’irrégularités

Arena à Kinshasa
Arena à Kinshasa
PAR Deskeco - 07 oct 2025 11:09, Dans Finances

Le ministre des Finances, Doudou Fwamba, a expliqué, lors d’une récente sortie médiatique, les contours, difficultés et causes du retard dans l’exécution du projet « Kinshasa Arena », un chantier emblématique destiné à doter la capitale congolaise d’une infrastructure sportive et culturelle moderne.

Lors d’une récente intervention sur Top Congo, il a rappelé que le prestataire en charge des travaux avait initialement prévu la fin du chantier pour septembre 2025. Cependant, plusieurs obstacles d’ordre logistique et administratif ont freiné travaux.

Selon lui, le retard observé dans l’exécution des travaux découle essentiellement de problèmes liés aux exonérations douanières et aux contraintes légales entourant le contrat initialement signé avec le prestataire. 

« Le contrat signé contenait des clauses d’exonérations douanières, mais lorsqu’il a été soumis au contrôle de l’Inspection Générale des Finances, celle-ci a constaté que ces dispositions étaient contraires à la loi », a-t-il expliqué.

L’IGF, dans le cadre de sa mission de contrôle et de respect de la législation, a jugé que les exonérations prévues n’étaient pas conformes à la loi relative au marché public, rappelant qu’aucun ministre ne peut accorder des dérogations qui ne sont pas prévues par la loi. 

En conséquence, indique-t-il, plusieurs conteneurs destinés à la construction ont été bloqués pendant plusieurs mois au port, avant d’être transférés dans des entrepôts privés. Ce transfert a engendré des frais logistiques supplémentaires, aggravant le coût du projet.

Le ministre a souligné qu’un arbitrage politique a été nécessaire pour trancher la question, tout en veillant à ce que la légalité prime sur les arrangements contractuels. Pendant ce temps, les travaux ont été temporairement interrompus, ce qui a contribué au retard global du calendrier.

Par ailleurs, il a rappelé les exigences de la législation nationale en matière de marchés publics : toute entreprise adjudicataire doit constituer une garantie d’avance et de bonne exécution, afin de protéger le Trésor public en cas de défaillance. 

« J’ai refusé de violer la loi. J’ai demandé au prestataire de se conformer aux dispositions légales. Ce n’est qu’après avoir constitué cette garantie que le Trésor a débloqué 45 millions de dollars pour relancer les travaux », a-t-il précisé.

Il a par ailleurs indiqué que le problème logistique est désormais en voie de résolution. Les frais dus pour le stockage ont été réglés par l’État, permettant ainsi la libération de plus de 200 conteneurs. 

« Dans trente à quarante jours, tous les conteneurs restants seront sortis du port, ce qui permettra d’accélérer l’avancement des travaux », a-t-il assuré.

Le ministre de Finances a tenu à souligner que le prestataire n’était pas entièrement fautif, dans la mesure où les exonérations lui avaient été accordées dans le contrat initial. « Ce qui était illégal, c’était la clause elle-même, pas son exécution par le prestataire », a-t-il conclu, tout en réaffirmant la volonté du gouvernement de faire respecter la loi tout en poursuivant la modernisation des infrastructures publiques.

Jean-Baptiste Leni

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