Accord de paix de Washington : l’intégration économique, comme l’un des principaux progrès cinq mois après sa signature

Félix Tshisekedi et Paul Kagame, respectivement président de la RDC et du Rwanda
Félix Tshisekedi et Paul Kagame, respectivement président de la RDC et du Rwanda
PAR Deskeco - 01 déc 2025 14:05, Dans Actualités

Cinq mois après la signature de l’Accord de paix de Washington entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, le processus de mise en œuvre peine encore à atteindre sa pleine vitesse. Le rapport d’évaluation du Baromètre des Accords de Paix en Afrique, couvrant la période du 1er au 30 novembre 2025, dresse un tableau globalement mitigé, marqué à la fois par des lenteurs persistantes sur les dossiers sécuritaires et par une avancée majeure sur le plan économique avec la signature du Cadre d’Intégration Économique Régionale par les deux États.

Avec un taux global d’exécution de seulement 23,3 %, soit 70 points sur les 300 possibles pour les 30 tâches prévues dans l’Accord, la mise en œuvre apparaît fragile et inégale. Même en ne considérant que les tâches partiellement exécutées, le taux de réalisation plafonne à 36,8 %, en recul par rapport aux mois précédents. Ces chiffres traduisent une stagnation préoccupante d’un processus pourtant présenté comme une étape déterminante pour la stabilisation durable de la région des Grands Lacs.

Dans ce contexte délicat, la signature, le 8 novembre 2025, du Cadre d’Intégration Économique Régionale entre la RDC et le Rwanda apparaît comme l’un des faits les plus porteurs d’espoir de la période évaluée. Cet engagement marque une évolution notable dans l’approche du processus de paix, qui ne se limite plus à la seule dimension sécuritaire, mais s’ouvre désormais à un horizon de coopération économique structurée.

Cette avancée témoigne de la reconnaissance mutuelle par Kinshasa et Kigali que la paix durable ne peut être consolidée sans des mécanismes d’interdépendance économique, capables de créer des intérêts communs, de favoriser la stabilité et de réduire les risques de rechute dans le conflit.

En mettant sur pied un cadre formel d’intégration économique, les deux pays posent ainsi les bases d’un partenariat appelé à renforcer les échanges transfrontaliers, à stimuler les investissements et à créer des opportunités pour les populations vivant de part et d’autre de la frontière.

Cet acquis arrive à un moment où la mise en œuvre des autres dispositions de l’Accord connaît d’importants retards. Sur les 26 tâches attribuées à la RDC, seules 16 ont enregistré un début d’exécution, pour un taux global de 22,1 %.

Du côté rwandais, 13 tâches sur 22 présentent une exécution partielle, soit un taux de 22,7 %. En revanche, la communauté internationale, à qui sept tâches ont été confiées, affiche un taux plus élevé, toutes ces tâches ayant connu une certaine mise en œuvre, pour un score global de 39,2 %.

Outre le cadre d’intégration économique, deux autres éléments positifs sont relevés dans le rapport. Il s’agit, d’une part, de la signature, le 15 novembre 2025 au Qatar, d’un accord-cadre entre le gouvernement congolais et l’AFC/M23 en vue de mettre fin aux hostilités, et, d’autre part, du fonctionnement régulier du Mécanisme Conjoint de Coordination de la Sécurité (JSCM) ainsi que du Comité de Surveillance Conjointe (JOC), qui assurent une continuité institutionnelle du suivi de l’Accord.

Cependant, ces avancées demeurent largement contrebalancées par le blocage des questions les plus sensibles, notamment la neutralisation des FDLR et la levée des mesures défensives rwandaises. Bien qu’un calendrier conjoint ait été adopté en septembre 2025, prévoyant la réalisation simultanée de ces opérations entre le 1er et le 30 octobre, celles-ci n’ont pas été exécutées.

Les FDLR, malgré une campagne de sensibilisation menée par les FARDC, ont exprimé leur refus de désarmer, tandis que le Rwanda conditionne toujours le retrait de ses troupes du territoire congolais à la neutralisation préalable de ce groupe armé.

Parallèlement, les affrontements entre les FARDC et l’AFC/M23 se poursuivent sur le terrain, en dépit de l’accord signé à Doha, et l’accès humanitaire reste fortement entravé, la réouverture de l’aéroport de Goma n’ayant toujours pas été effective, malgré les besoins pressants des populations déplacées et vulnérables. En vue d'entériner l'accord de Washington signé le 27 juin, Félix Tshisekedi et Paul Kagame, respectivement président de la RDC et du Rwanda, sont attendus le 4 décembre 2025 à la maison blanche. 

Jean-Baptiste Leni

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