Selon les données compilées par Bloomberg, le franc congolais a désormais rattrapé le cedi ghanéen, qui dominait jusque-là le classement des monnaies africaines les plus performantes de l’année. Cette progression remarquable intervient dans un contexte marqué par une hausse significative des réserves en devises de la République démocratique du Congo (RDC) et par un réajustement de la politique monétaire de la Banque centrale du Congo (BCC).
« Une augmentation des avoirs en devises de la République démocratique du Congo et un changement dans la politique de la banque centrale ont alimenté un rallye de près de 29 % du franc cette année, ce qui en fait la monnaie la plus performante d'Afrique par rapport au dollar, aux côtés du cedi », indique ce magazine.
Dans son interview accordée à ce magazine, le gouverneur de la BCC, André Wameso, est revenu sur l’injection de 50 millions de dollars en août dernier pour nettoyer les francs.
« Nous interviendrons comme partout ailleurs dans le monde si nous voyons que la volatilité est trop élevée », a déclaré le gouverneur André Wameso à Bloomberg le 4 décembre dans une interview à Washington, avant de renchérir : « Mais ici, à ce stade, il n'y a aucune raison d'intervenir sur le marché. »
Lors de son discours sur l’état de la nation tenu lundi dernier, le président de la République, Félix Tshisekedi, a annoncé que les réserves de devises étrangères de la République démocratique du Congo ont progressé de 21 % en un an, pour atteindre 7,4 milliards de dollars.
Il a également souligné que l’appréciation du franc face au dollar avait apporté une « stabilité que notre peuple n’a pas connue depuis de nombreuses années ».
En outre, la monnaie du Congo s'est bien sortie ces derniers mois en raison d'une politique monétaire ciblée visant à réduire la liquidité en francs, selon Sayen Gohil, analyste des risques nationaux chez BMI, une société de Fitch Solutions. La Banque centrale du Congo a la marge pour continuer à gérer la liquidité en francs en 2026, ce qui entraînera probablement le maintien de la monnaie sur la plupart de ses gains, a-t-il déclaré.
L'intérêt des investisseurs pour les actifs du Congo dépendra d'une gamme de facteurs au-delà des mouvements du franc, selon Gohil.
« La principale dynamique sur laquelle les investisseurs se concentreront est celle des prix élevés du cuivre, qui augmentent actuellement et continueront d'encourager les investissements dans le secteur minier, les progrès de l'accord de paix RDC-Rwanda, y compris le cadre régional d'intégration économique associé », a-t-il déclaré. « En relation, des investissements tels que le corridor Lobito, qui réduiront le temps nécessaire à l'exportation de métaux et de minéraux congolais, en particulier vers les États-Unis. »
La RDC, premier producteur de cuivre en Afrique, profite cette année d’une hausse de 32 % du cours du métal. Cette dynamique s’explique par une demande croissante, portée notamment par les centres de données et les véhicules électriques, qui dépasse une offre déjà limitée. Les capacités de raffinage progressent plus rapidement que l’extraction minière, tandis qu’une série de pannes dans plusieurs sites accentue encore la tension sur les matières premières.
Divine Mbala
