Didi Kembwarss, expert en questions culturelles, plaide pour une augmentation du budget annuel alloué au secteur culturel en République démocratique du Congo. Cette mesure viserait à renforcer ce secteur face aux enjeux socio-économiques et à impulser les industries culturelles et créatives locales au profit des acteurs et consommateurs de l'art.
« Le budget national alloué au ministère de la Culture, des Arts et des Patrimoines en RDC est très insignifiant. Ce budget ne représente absolument rien pour développer les industries culturelles et créatives, ni pour répondre efficacement à la mission régalienne de ce ministère, qui est de protéger les patrimoines culturels et surtout de promouvoir les acteurs et leurs créations sur le marché socio-économique », a déclaré Didi Kembwarss.
« Il est nécessaire de solliciter le président de la République pour une augmentation l'année prochaine. Il faut, cette fois-ci, augmenter le budget du ministère de la Culture afin d'initier des actions permettant à tous les Congolais d'y avoir accès », a estimé l'expert.
Selon les derniers indicateurs révélés dans la loi de finances 2024, la protection sociale a représenté plus de 2 % du budget, tandis que l'environnement, le logement, ainsi que la culture, le sport et les loisirs ont chacun reçu moins d'1 %.
« Depuis toujours, la culture est le parent pauvre du budget de l'État. Les pouvoirs législatif et exécutif doivent y penser pour donner vie à ce secteur qui, sur le plan économique, peut générer des recettes importantes pour le Trésor public. Sur le plan social, la transformation et le respect d'un peuple passent par la valorisation de sa culture. (...) Dans le contexte actuel, le ministère de la Culture doit être considéré comme une institution prioritaire pour jouer ce rôle », a-t-il souligné.
Et d'ajouter :
« On peut se demander s'il est judicieux, dans le contexte de guerre d'agression que subit le pays, de demander une augmentation du budget de la culture ? Ma réponse est oui, car la culture représente et fait partie des enjeux économiques et sociaux du monde actuel ».
Évoluant à Paris, Didi Kembwarss a cité l'exemple de la France, qui a fait de la culture non seulement un levier important de son développement économique, mais aussi un vecteur de transmission du savoir dans la vie humaine.
« Il y a 44 ans, le ministre français de la Culture, Jack Lang, déclarait : "La division en classes sociales se manifeste sur le plan culturel. Pourquoi les plaisirs de l'esprit seraient-ils l'apanage exclusif des privilégiés du savoir et des loisirs ?" Aujourd'hui, en 2025, je reprends cette affirmation en remplaçant "les Français" par "les Congolais" », a-t-il conclu.
En 2025, le budget de la RDC est passé de près de 41 000 milliards de francs congolais à près de 50 000 milliards de francs congolais, avec plus de 48 % alloués aux investissements et près de 52 % au fonctionnement de l'appareil étatique.
Bienvenu Ipan
