Le gouvernement a procédé, ce vendredi 12 septembre 2025, à l’adoption première du nouveau budget pour l’exercice 2026 avant son dépôt, le 15 septembre, à l’Assemblée nationale pour lecture.
Présenté par le nouveau ministre du Budget, Adolphe Muzito, il s’est établi à 20,3 milliards de dollars américains en recettes et dépenses, soit une progression de 16,4% par rapport au budget rectifié de 2025, établi à 17,7 milliards de dollars américains.
Ce budget ne sera possible que par une mobilisation doublée des recettes courantes et l’amélioration de la qualité des dépenses publiques, en vue de renforcer les financements de priorités du gouvernement pour l’exercice budgétaire 2026, précise-t-il ce vendredi devant les membres du conseil de ministres.
Incertitude autour du chiffre du nouveau budget
Pourtant, ses récentes explications ont renforcé des contradictions et incertitudes autour du montant de ce budget.
Tenez : lors de la rencontre du gouvernement, le 20 août dernier, avec les partenaires techniques et financiers dans le cadre de préparatif de la session budgétaire 2026, dont le Fonds Monétaire Internationale, la Banque mondiale, la Banque africaine du développement, l’Union européenne, l’Union africaine, Agence belge du développement, la société allemande de coopération internationale, ainsi que l’agence française du développement, Adolphe Muzito a fait savoir que le budget pour 2026 s’établissait autour de 13 milliards de USD, uniquement basé sur les ressources courantes contre 9,9 milliards de USD prévus dans la loi de finances rectifiée de 2025.
« Son excellence, monsieur le vice-premier ministre du budget Adolphe Muzito a réuni les administrations avec le ministre de finances. La discussion a porté sur la projection de recettes 2026. Il a un objectif de doubler le budget, axé sur les recettes courantes, qui ont été projetées dans la loi de finances rectificative à 9,9 milliards, il compte atteindre 13 milliards de USD », indiquait le ministère du budget sur son compte X à la fin d’une rencontre de concertation avec le ministre de finances, Doudou Fwamba.
S’agissant de projections contenues dans le cadre budgétaire à moyen terme, qui comprend généralement trois ans d’exercice budgétaire, soit de 2026-2028 pour le cas précis, les recettes courantes étaient établies à 11,7 milliards de USD contre 11 milliards avancés lors des conférences budgétaires du 28 juillet au 11 août 2025.
Autre précision, lors d’une interview accordée récemment à la RFI, il a affirmé que le budget 2026 était autour de 12 milliards de dollars américains en ressources propres, soit en une nette progression par rapport au budget du dernier quinquennat du président Félix Tshisekedi, qui s’élevait à 8,8 milliards de dollars américains.
A cette enveloppe de 12 milliards, s’ajouteront 5 ou 6 milliards de dollars américains des recettes extérieures recueillies auprès de partenaires techniques et financiers, indiquait-t-il. Ce qui établirait le budget global 2026 autour de 17 à 18 milliards de dollars américains.
« Pour l’année prochaine pour 2026, je prévois un budget autour de 12 milliards de USD en ressources propres, c’est-à-dire en recettes courantes. Ça va correspondre au budget qu’a hérité monsieur Tshisekedi. Ça sera un doublement. Monsieur Tshisekedi et sa première ministre pourront à ce moment-là dégager des ressources pour financer les infrastructures, équiper l’armée, peut être améliorer les salaires des agents de l’Etat, en dégageant d’autres économies, grâce au contrôle que nous pourrons faire sous le contrôle de la première ministre. Nous sommes dans le bon avec ce budget autour de 12 milliards de USD avec des ressources propres, avec des ressources extérieures autour de 5 à 6 milliards de dollars », expliquait-t-il.
Adolphe Muzito avait ajouté au micro de RFI que cette trajectoire était à inscrire dans l’effort du gouvernement à améliorer la mobilisation de recettes intérieures, en vue de mieux financer les priorités du gouvernement, notamment en renforçant les crédits aux secteurs sociaux, tels que la santé, l’éducation et agriculture.
Adopter un budget à plus de 20 milliards de dollars serait incertain ou alors déjà irréaliste pour l’exercice 2026, tenant compte de ses récentes explications, aussi avec l’endettement du pays autour de 16 milliards de dollars, ainsi que le contexte de l'insécurité. S'entendre sur les recettes annexes pour combler le reste ?
Les organisations de la société locale, membres de l’opposition politique, ainsi que partenaires techniques et financiers, ont toujours appelé le gouvernement à mettre en place un budget réaliste contenant les réalités de la population.
L’expert en Finances publiques, Valery Madianga reste formel sur ce budget. « Pour nous, ce budget n’est pas crédible. Ça pose énormément un problème de sincérité ». Le responsable au Centre de recherche en finances publiques et développement local ajoute : « il faudrait qu’on évite de proposer un budget de communication que nous ne serons pas en mesure de mobiliser demain ».
Jean-Baptiste Leni